La mystérieuse tisane de plantes médecinales d'un docteur à la
peau jaune
Du haut de ses 5000 ans, la médecine traditionnelle chinoise peut
se targué d'avoir intégré la liste du Patrimoine culturel immatériel de
l'humanité (Unesco) et d'être devenu la fierté de la République populaire de
Chine, et ainsi son trésor national. En 1990, lors de sa tournée de
conférences, Dr Lin a réalisé que malgré l'attention accordée à leur médecine
par la communauté médicale allemande, elle était mise à l'écart et reléguée au
rang de médecine pseudo-scientifique. En effet, l'acupuncture était victime de
sectarisme en Europe. Dr Lin et quelques autres praticiens et chercheur
décidèrent de rester en Allemagne afin de promouvoir leur médecine. Mais la
législation du pays leur mettait des bâtons dans les roues et le projet connut
de nombreuses difficultés. Après mûres réflexions et ayant parcouru les 27 pays
de l'Europe en 9 mois, Dr Lin décida finalement d'installer son centre de
recherche à Bruxelles, capitale politique de l'Europe.
Les premières années furent terriblement éprouvantes,
affirme-t-il. Il avait l'impression de marcher sur des œufs, il frôlait les
limites de la loi Belge. D'après lui, il faut coopérer avec la médecine
occidentale pour obtenir la reconnaissance de la médecine chinoise, ce qui
n'était certainement pas une mince affaire. A l'époque, seuls les praticiens
ayant reçu une formation en Europe était reconnus. Par conséquent, les
prestations des médecins qui ont reçu une éducation traditionnelle en Chine se
voyaient refuser le droit de remboursement par la mutualité. Il ne pouvait que
compter sur ses propres capacités pour se frayer un chemin et gagner la
confiance de ses patients. Heureusement, la Belgique tolérait l'établissement
du centre de recherche. Durant cette période, en tant que chercheur, Dr Lin
était souvent invité à donner des conférences dans d'autres pays. Malgré cela,
il souligne le scepticisme du monde occidental: " Ils sont impressionnés
par la médecine chinoise qui peut diagnostiquer la maladie rien que par
l'observation, la prise du pouls, et le questionnement dans 80% des cas alors
que les médecins occidentaux ont besoins de nombreux examens, machines pour
trouver le bon diagnostique, mais ils restent fermés à notre médecine."
S'il l'avait voulu, il aurait pu rentrer en Chine et mené une vie
confortable car il était professeur à l'université et médecin, mais il a refusé
d'abandonné. Les difficultés qu'il a rencontré durant sa jeunesse lui ont
appris de ne pas baisser les bras et qu'il faut aller jusqu'au bout de ses
ambitions. Persister pour atteindre son but.
Quand Dr Lin était encore adolescent, son père tomba gravement
malade et toute sa famille partit en quête d'un médecin, se vit refusé de
partout car elle n'avait pas de quoi payer les frais. Ne trouvant pas de
médecin qui accepta de le soigner, son père mourut à la fleur de son âge. C'est
à ce moment là qu'il se fit le serment de devenir un médecin. Après des années
de durs labeurs, d'études jusqu'à tard la nuit, il parvint enfin à intégrer
l'université de médecine de Zhejiang. Quand il fut diplômé, il resta à
l'université pour enseigner sans pour autant ménager la pratique de la
médecine. Très vite, ses recherches portèrent fruits en matière d'hernie
discale. Entre 1983 et 1985, en tant que représentant de l'université, il donna
conférence au Japon ( Tokyo, Kyoto, Osaka). Suite aux conférences, la
population locale considéra la médecine chinoise comme authentique. Voici ce
que le journal japonais 朝日新闻 ( ASAHI) avait
publié: " Les conférences de Dr Lin Kwok Ming ont suscité de vives réactions
au Japon. Chacune de ses conférences se termine avec un avion rempli de
japonais qui le suit jusqu'en Chine pour être guéri de sa main."
L'incroyable potion à la couleur brune
En 1992, une occasion se présenta pour que Dr Lin puisse montrer
les bienfaits de la médecine chinoise. Le gérant du marché au fleurs, Harry, 65
ans, a contracté un cancer du foie. Après de nombreux traitement infructueux,
les docteurs confirment ses craintes, il est au bout du chemin, c'est fini. Sur
son lit d'hôpital aux soins intensifs, il ne pouvait plus qu'attendre une
chose: la mort.
Par l'intermédiaire d'un ami chinois, la famille de Harry
trouvèrent l'adresse du Dr Lin. Pour ce dernier, c'était une occasion pour que
la médecine chinoise soit enfin reconnue à sa juste valeur. Dans la chambre
d'Harry, Dr Lin l'observa, le palpa, pris son pouls et lut son dossier médical
et les résultats de différents examens et se tourna vers la famille d'Harry:
"je peux allonger sa vie." Il prépara les plantes médicinales et
les divisa en sachet égal, qu'il donna à la famille d'Harry pour qu'il puisse le
préparer. Après avoir obtenu les autorisation de l'hôpital, elle fit boire
cette tisane mystérieuse venue de l'Orient à leur bien-aimé. Moitié sceptique,
elle fit avalé à Harry trois dose d'affilée. et le miracle se produisit, Harry
qui était plongé dans coma se réveilla. Deux semaines plus tard, Harry quitta
l'hôpital.
Cette affaire fit rapidement le tour de la Belgique, et susciter
de vives réactions. Le centre de recherche était noir de monde. Peu de temps
après afin de répondre aux attendes de ses patients, Dr Lin installa un centre
médicale à Amsterdam et à Paris.
Dr Lin raconte que cette année-là, un policier était chargé
d'enquêter sur lui en secret, pour savoir s'il avait le droit de pratiquer la
médecine. Quel fut son étonnement, quand il ne reçut que des échos positifs et
des éloges sur lui. Un mois plus tard, cet inspecteur faisait aussi parti du
groupe de soutien de Dr Lin. Quand l'inspecteur a appris que le docteur
pratiquait le Kungfu, il lui demanda même des cours.
La décennie suivante, Dr Lin passe la plupart de son temps à
donner des conférences, à aider à résoudre des cas sans espoirs, parcourir
l'Europe. De nombreux patients venaient de loin pour le consulter, d'Allemagne,
des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de l'Espagne. Petit à petit, il se forgea une
réputation solide. Enfin, en novembre de l'année 2000, Dr Lin a été invité
officiellement à rejoindre l'association professionnelle pour acupuncteurs, il
devint le premier membre venu de la Chine.
(...)
En 2004, au vu des résultats positifs de l'acupuncture,
l'organisme de santé européenne décide enfin d'octroyer le remboursement
médical. En 2008, un changement se produisit en Belgique: il est possible
désormais de se faire rembourser par certaines mutualités si le médecin est
reconnu par l'ordre de médecine chinoise européen. Cet avancement est une
victoire pour l'acupuncture, et une pour Dr Lin dont les efforts n'ont pas été
vains.
(...)
Dr Lin reste profondément chinois et espère un jour retourner chez
lui finir ses vieux jours dans sa ville natale. " La Chine change si vite,
un jour en me promenant das la rue, je n'ai pas su trouver les ruelles que
j'aimais tant autrefois," confia-t-il durant l'interview.
Auteur: 翁卿仑 Weng Qing Lun